Outre l’élevage (vaches, bœufs et volailles), les métayers et les capcazaliers pratiquaient la polyculture. Cependant, on jugeait de l’aisance d’un paysan d’après le nombre de porcs qu’il élevait.
Chaque ferme possédait un âne qui tractait une voiture légère.
On semait un peu de froment qui servait à payer les impositions en nature, du seigle, mais surtout du mil et du panis. Le mil avait l’avantage sur le froment ou le seigle de pouvoir se conserver dans des coffres plusieurs années, jusqu’à dix ans ! Les années où la récolte était bonne, le paysan gardait le surplus pour les années de disette. Le mil servait à faire des galettes et le panis était destiné à la nourriture des volailles.
Le maïs, introduit à partir de 1690, apporta une sécurité supplémentaire et bienvenue. Sa farine servait à faire une espèce de pain (« la méture ») ou une bouillie (« l’escauton ») que l’on consommait avec du lait le plus souvent.
Parfois, deux ou trois ruches, en lattes de châtaigniers butées de bouse et couvertes de paille de seigle, donnaient un peu de miel (friandise rare) et de la cire.
Les terres étaient amendées avec de la marne (« la mate ») extraite des barthes du bord du Luy.
La culture de la vigne était florissante au quartier d’Arzet. Si le rendement était faible, la qualité, par contre, était bonne. Le petit « Piquepoult » ou le « Moustroun » de Pouillon et d’Arzet étaient réputés et les curés des environs ne voulaient pas d’autres vins de messe. Le vin était vendu en quasi-totalité, le métayer buvant de l’eau légèrement coupée avec du vinaigre.
L’abbé Domec, curé de la paroisse, raconte dans ses mémoires que l’église de Saugnac eut peu à souffrir de la tourmente révolutionnaire de 1793 grâce à la présence d’esprit de sa domestique, Catherine Darjou, à l’arrivée des membres du comité de surveillance de Dax : «… elle s’empressa de leur offrir du bon vin d’Arzet qu’ils acceptèrent de bon cœur et ils en burent de si bonnes rasades qu’ils oublièrent le but de leur voyage à Saugnac et se retirèrent sans faire aucune recherche ».

Méfiants, les paysans n’acceptèrent de planter des pommes de terre que bien plus tard. Ils les tenaient pour vénéneuses ! (« Vie rurale de l’ancienne lande » de P. Toulgourt)

La vie à Saugnac et d’Arzet aurait été acceptable si, en plus des guerres, des catastrophes naturelles n’étaient venues accabler les habitants.

En 1693-1694 eut lieu une grande famine due à des conditions météorologiques désastreuses (« l’annado de le gran hami », l’année de la grande faim).

Le terrible hiver de 1709 causa lui aussi une famine. La température chuta à -23°C à Dax. Les pins furent gelés en quasi-totalité, les vignes gravement endommagées. On passait avec les attelages (« bros ») sur le Luy gelé !

En 1774, une grave épizootie de fièvre aphteuse ou plus probablement de charbon décima le gros bétail. Dans le seul Béarn, plus de soixante mille têtes périrent.

D’autres catastrophes naturelles ont marqué la vie de nos aïeux. En 1831, la grêle détruisit les récoltes des arrondissements de Dax et Saint Sever. En 1839, elle fut en outre suivie d’une période de sécheresse de trois mois. En 1841, les pluies persistantes compromirent les récoltes de vin, de maïs et les fourrages. En 1843, ce furent des inondations catastrophiques…
Plus près de nous, d’autres inondations sont longtemps restées gravées dans les mémoires (1893, 1908, 1913, 1927, 1930 et 1954).

La mécanisation des travaux agricoles n’est intervenue que pendant la seconde moitié du vingtième siècle. Jusqu’alors, le paysan utilisait la charrue à un soc, la herse en bois, la houe, le râteau et la fourche. Le blé était coupé à la faucille et égrené au fléau ou au manège en le faisant piétiner par les bœufs. La récolte du maïs, le « dépouillage » et l’égrenage se faisaient exclusivement à la main.
Il fallut attendre le début du XXème siècle pour que, sous l’instigation de monsieur Belin, instituteur, les sols de Cambran soient fertilisés avec de l’engrais et produisent alors des récoltes conséquentes de seigle et de maïs.
Petit à petit, le maïs est devenu la principale production céréalière. Le vignoble n’est pas pour autant négligé. En 1973, cinq hectares de vignes produisaient encore mille deux cents hectolitres de vin.