L'église d'Arzet

L’existence d’une église ou d’une chapelle dans le quartier d’Arzet est probable. Celle-ci s’élevait certainement aux alentours du lieu-dit « Gaurin » puisque les capcazaliers d’Arzet se réunissaient aux « bancs de Gaurin », près de l’église, tout comme ceux de Saugnac s’assemblaient aux « bancs du Pouy », à proximité de l’église de leur paroisse.
La destruction de ce bâtiment remonterait aux guerres de religion et aux méfaits des troupes huguenotes de Montgomery en 1569-1570.
Ceci explique les termes utilisés dans un Arrêt de la Cour de justice du 17 juillet 1671, « où les Habitans d’Arzet ne font qualifiés que d’Habitans du quartier d’Arzet » et non pas de la paroisse, puisqu’il n’y a plus d’église.

L'église de Cambran

Le quartier de Cambran formait autrefois, à lui seul, une paroisse. Celle-ci avait un service régulier fait par les Barnabites de Dax ou, plutôt, par des prêtres délégués. Plus tard, ce fut le curé de Saugnac ou ses vicaires qui assurèrent cette charge.
L’église Saint André de Cambran était située près de la métairie appelée « Lamaison ». Dépourvue de tout service religieux et tombant en ruines, elle fut vendue par autorisation royale en 1835 et achetée par monsieur Germain, propriétaire rentier à Saugnac, qui en employa les débris à la construction de la maison de maître appelée « Gran Crestian ».
La tradition orale veut qu’après cette démolition, la cloche ait trouvé refuge dans le clocher de l’église de Saugnac. Il est effectivement établi qu’en 1837, il y avait bien deux cloches puisque le conseil municipal de l’époque décida le 31 mars la refonte de la « cloche principale » pour en améliorer la portée du son.

L'église de Saugnac

L’église Saint Pierre de Saugnac est le plus ancien bâtiment de la commune. Sa longue histoire est impossible à reconstituer entièrement car nous manquons de documents écrits. Les nombreuses modifications qu’elle a subies au cours de son existence permettent de penser qu’elle ne présente plus aujourd’hui guère de ressemblance avec sa forme originelle.
Un bâtiment réservé au culte s’élevait probablement à l’emplacement actuel dès les IVème ou Vème siècles, fait de matériaux peu durable où le bois devait largement dominer. Ces premières églises furent souvent détruites par le feu, notamment vers les IXème et Xème siècles, lors des expéditions des Vikings à travers nos contrées, comme en témoigne l’histoire de l’église de Saint Paul lès Dax.
Fatigués par de multiples reconstructions, nos ancêtres se résolurent à partir du XIème siècle à bâtir leurs églises en bonne et solide pierre.

Celle de Saugnac remonte à cette époque. Les grosses pierres de taille constituant le pourtour de l’abside jusqu’à mi-hauteur, les fenêtres basses et étroites dépourvues de tout ornement découvertes en 1885 lors de l’aménagement d’une nouvelle chapelle, ne nous permettent point d’en douter. (Ce genre de fenêtres qu’on ne voit s’élargir qu’au commencement du XIIème siècle est caractéristique des églises rurales datant du XIème.).

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Mais cette apparente solidité ne mettait pas le bâtiment à l’abri des accès de la fureur humaine, et il fut manifestement démoli vers la fin du XVIème siècle, lorsque les affrontements entre catholiques et protestants faisaient rage dans les Landes.
La reconstruction fut plus modeste et les pierres blondes de Chalosse restées en place furent surmontées d’un mélange maçonné parsemé de gros cailloux.
Le plus ancien document graphique qui nous soit parvenu ainsi que divers renseignements glanés dans les registres municipaux du XVIIIème et du début XIXème siècles nous permettent de risquer une description sommaire.
Les plans de l’édifice étaient alors très simples. Le chœur semi circulaire, orienté vers l’est, ouvrait sur une nef unique d’environ six mètres de largeur. L’ensemble était dallé de carreaux de terre cuite et soutenait une charpente apparente.
A l’ouest, un porche lui aussi pavé de terre cuite abritait le four à pain du curé. Il était surmonté d’un modeste clocher coiffé de bardeaux de bois.
Côté sud, un petit appendice devait servir de sacristie.
 Les biens religieux étaient, jusqu’en 1905, administrés par un corps spécial « la Fabrique », composé de « marguilliers ». Ils assuraient la gestion des revenus de la Fabrique qui pouvaient être relativement importants. Ainsi, avant la Révolution, il y avait à Saugnac jusqu’à deux vicaires simultanément, par exemple sous Pélegrin, curé en 1710. Ils étaient payés selon toute probabilité par la Fabrique elle-même qui possédait alors les métairies du Macouau et de Bandom.
Occasionnellement, en particulier pour les gros travaux, ils pouvaient faire appel à la communauté. Les décisions étaient alors prises par les capcazaliers , réunis en assemblée capitulaire. Après la Révolution, la Fabrique se tourna vers la commune. L’aide ainsi accordée par le conseil municipal subissait parfois le refus du Préfet !
 En 1788 et 1789, des travaux au niveau du clocher furent réalisés par Marcadieu de Dax.
Durant la période révolutionnaire, l’église se transforma en 1793 en Temple de la Raison, puis de l’Etre Suprême. Des célébrations y avaient lieu le jour de la décade.
 Le 13 avril 1809, les édiles municipaux furent très alarmés par l’état du clocher qui menaçait ruine et qu’il fallait démolir au plus vite, et surtout par l’importance des dépenses à engager !!! Ils décidèrent de le reconstruire le 4 février 1810 mais n’arrêtèrent définitivement un devis que le 30 octobre 1811. Ils optèrent pour « le plus simple et le plus solide » (le moins cher aussi, 2546 F contre 3089 et 5000 F !). Le clocher devait être « changé de place, mis ailleurs et appuyé sur de nouveaux murs », le transport et la main d’œuvre devant être fournis par la commune. Mais les travaux furent longs à commencer.
La démolition menaçait le four à pain du curé. Aussi, le 13 mai 1813, le conseil municipal autorisait à le sortir du porche pour le mettre près du presbytère. Ce déplacement futr fatal au carrelage du porche qui fut « brisé et cassé ». L’assemblée communale dut se résoudre le 12 juin 1814 à décider des dépenses supplémentaires pour le remplacer. Cela annulait les économies réalisées en ordonnant le 10 juin 1813 la démolition d’une « ancienne et petite maison servant autrefois d’école à Arzet » pour réemployer les matériaux pour le nouveau clocher. Celui-ci fut finalement achevé le 30 août 1815.
 Le 7 août 1821, le conseil municipal décida la reconstruction de la sacristie.
 Le 14 mai 1829, fut prise une délibération pour installer une horloge. Il s’agissait d’une « horloge à répétition chez le sieur Nassiet, horloger à Pomarez ».
 Des travaux importants semblent avoir été réalisés entre 1835 et 1840. L’architecte en était monsieur Lalanne de Dax. D’après les informations assez succinctes des registres municipaux, on peut penser que le carrelage de terre cuite a été alors remplacé par des carreaux en pierre de Bidache. La durée et l’importance des travaux, l’emploi d’un architecte permettent de supposer que c’est à ce moment là que l’aile nord fut ajoutée.
 Le 31 mars 1837, la décision fut prise de refondre la cloche principale dans un atelier dacquois et de la faire grossir de quatre cents livres pour en améliorer la portée du son. Cette cloche porte encore l’inscription suivante : « Parrain M. Lafaury François, marraine Marguerite Elisabeth Augustine Victorine Vve Etchegaray. J.M. Aubiban desservant. Gabriel Marcadé maire. Delestant, fondeur à Dax 1837 ».
 Le 6 août et le 17 décembre 1837, deux délibérations concernèrent l’acquisition d’une nouvelle horloge.
 Le 11 janvier 1838, le conseil affecta dix chênes de la forêt communale à la réparation de l’église.
 La réception des travaux de réparations donna lieu à un procès-verbal le 2 novembre 1839.
 Le 21 mai 1840 furent acceptés des travaux à l’intérieur de l’église et le 7 mai 1848 fut décidé la vente de la vieille horloge acquise en 1829 et désormais complétement inutile.
L’état du clocher fut à nouveau au centre des discussions lors de la séance du 4 juin 1848 !
L’année 1855 fut marquée par les problèmes liés à l’horloge avec une première délibération du 18 février demandant à Monsieur Lasserre, serrurier à Mimbaste de « mettre l’horloge à huit jours » ( ?), et une seconde le 19 août décidant l’achat de nouveaux poids pour cette horloge.
La réfection d’une grande partie de la toiture et l’installation d’un châssis vitré avec un grillage à l’une des croisées du porche firent l’objet d’une décision du 16 novembre 1855.
Le 20 mai 1859, l’horloge ne fonctionnant toujours pas, dut être à nouveau réparée.
Le 16 février 1862, la seconde cloche étant fendue, le conseil décida d’en acheter une nouvelle. La commande fut passée le 3 juin de la même année auprès des établissements Hildebrand de Paris. Elle fut coulée en utilisant environ cent cinquante kilogrammes de la cloche fêlée. Le résultat donna une cloche de huit cent soixante cinq kilogrammes sur laquelle on peut lire encore aujourd’hui : « J’ai été bénite en 1862 pour l’église de Saugnac, Eugène Darrieu étant curé de la paroisse et M. Lanusse maire de la commune. Je fus nommée Marie Louise par M. Bernard Bourretère et Madame Navailles née Claire Vergez mes parrain et marraine. A Hildebrau fondeur de sa Majesté l’Empereur à Paris ».
Cette nouvelle cloche fut modifiée le 29 août 1863 pour pouvoir être sonnée à la volée.
Le 12 août 1866, la toiture nécessita à nouveau des réparations.
 Le 13 février 1885, il fut décidé d’ajouter un bas-côté au sud du bâtiment. Les travaux s’effectuèrent sous le direction de M. Legrand, architecte à Dax et s’achevèrent le 6 mars 1886.
Ce prolongement est particulièrement intéressant. Dans un mémoire sur les obits (honoraires versés au clergé pour un office funèbre) rédigé par le curé Domec le 15 avril 1804, ce dernier regrette « d’avoir eu l’idée de bâtir cette sacristie, mais de n’avoir pu le faire faute de moyens ». Il avait découvert le contenu du testament du capitaine Doy, recueilli le 30 octobre 1599 par le notaire royal de Niort en sa maison de Lassallasse à Candresse, par lequel il léguait à l’église de Saugnac ses métairies de Macouau et de Bandom à Arzet. Il y chargeait les marguilliers d’entretenir en huile une lampe qu’il voulait faire placer dans la chapelle qui est du côté du midi où, en trente six ans, il n’avait jamais vu célébrer une messe.
Le curé Domec en déduisit que cette chapelle avait dû être détruite depuis la mort du capitaine et découvrit qu’un arceau dans le mur de l’église témoignait de l’existence de l’ancienne chapelle. D’où son idée de sacristie, réalisée par la commune, quelques quatre vingt ans après sa mort.
Dans ses commentaires, il faisait même allusion à une autre chapelle qui existait du côté nord.
Cela permet de déduire que l’église initiale avait certainement, et cela est fort logique, un plan en forme de croix orientée vers Rome ou Jérusalem.
 Le 28 mai 1893, fut prise la décision de supprimer le grillage protégeant le portail du cimetière et la porte principale de l’église et empêchant ainsi les cochons d’y rentrer, cette porte devant être réparée.
 En mai 1896, il fallut la refaire les boiseries du chœur « tombant en pourriture ». Le nouveau retable est inspiré du style corinthien.
 Le 6 décembre 1896, la municipalité décida de rénover le clocher jusque là recouvert de bardeaux et désormais d’ardoises. Les huit croisées à jalousies furent remplacées par des ouvertures munies d’abat-jours en tôles galvanisées. Les trois planchers furent également refaits, de même que les marches de l’escalier.
 Le 18 février 1907, l’assemblée communale décida des réparations au niveau de la toiture.
Le 22 août 1920, le conseil déplorait à nouveau des plafonds et une toiture en triste état et votait pour de grosses réparations.
Des travaux de plâtrerie furent encore décidés le 29 mai 1921.
 Des crédits furent à nouveau débloqués le 12 juin 1948 pour la remise en état de la toiture. Mais le 26 mars 1949, les travaux n’étant toujours pas entamés, le conseil envisagea la pose de tuiles à la place de la toiture en zinc de la sacristie.
Le 21 juin 1964, ce fut au tour des peintures intérieures de l’église de faire l’objet d’une cure de jouvence. Et le 19 septembre de cette même année, des travaux de maçonnerie er de plâtrerie étaient décidés et effectués dans le courant de l’année suivante.
Quelques vitraux furent également restaurés par le curé de l’époque en 1965.
 La 30 avril 1977, un carillon électrique vint moderniser les cloches de l’église.
 Le 29 juin 1981, il fallut consolider la charpente pour soutenir ces mêmes cloches.
 Des réparations à la sacristie furent décidées le 28 avril 1987.
 Le chauffage fut installé en 1988 et la toiture du clocher à nouveau refaite en 1989.
 L’étroit et svelte bâtiment cruciforme des origines s’est peu à peu transformé pour devenir aujourd’hui une bâtisse quadrangulaire, vaste et trapue où même la gracieuse abside hémisphérique a été en partie masquée par la sacristie actuelle. Le tout écrasé par le poids énorme d’une toiture couverte de tuiles canal calées à l’ancienne.
Les boiseries du chœur, bien que datant de la fin du XIXème siècle seulement, sont inspirées du style corinthien. Les deux statues de Saint Pierre et Saint Paul sont en bois doré.
Le tableau offert en 1786 par le naturaliste Jacques François de Borda qui venait de faire construire le château d’Oro, trône toujours au centre de l’abside mais il est à tel point altéré qu’il est devenu bien difficile d’y distinguer un ange tendant sa tiare au pape et le Christ donnant les clefs à Saint Pierre.